« nous sommes jeudi matin, et il est 09:47 am. »

Encore une matinée comme les autres. Encore une soirée ou Alexis s'était couchée à pas d'heure, bien trop occupée à faire le club de sa résidence, couchée au bar entrain de siroter un cocktail. Un cocktail et nombreux suivirent. La radio automatique venait de s'allumer. A croire qu'elle était plus intelligente qu'elle ne le pensait puisqu'elle venait de lui dire, indirectement, que la blondinette était en retard.

Alexis se retourna longuement dans son lit, rabattant sa couette au dessus de sa tête dans un geste plutôt brusque. Puis, d'un coup, elle se leva en sursaut. Elle tourna la tête à droite, puis à gauche. Son regard se posa sur son réveil : 09:49 am. « Merdeeee ! » Se prenant limite la tête dans les mains, Alexis laissa échapper un long soupir. Encore une matinée comme les autres : elle était en retard.

Ni une ni d'eux, A., comme l'appelait si bien Gossip Girl, sauta sur ses deux pieds hors du lit, laissant ses draps complètement retournés. Une agitée ? Non, elle n'était pas cette « espèce ». Jamais elle ramènerait un inconnu chez elle. En revanche, qui a dit qu'elle n'allait pas passer ses nuits chez les autres ? Bref.

Le rituel matinal se mettait en œuvre : une douche, bien que courte, trouver de quoi se vêtir pour aujourd'hui, se maquiller, préparer son « sac », et partir. Bien évidemment, ce protocole habituel n'était jamais parfait. Encore une fois, Alexis cherchait quelque chose. Hier c'était son sac, aujourd'hui c'était ses chaussures. Au final, elle n'avait trouvé que sa paire d'escarpins noirs Luis Vuitton. Le problème, c'est qu'elle était habillée de gris et qu'elle comptait plutôt mettre ses bottines assortie. C'est alors qu'elle fit la même chose que tous les matins, elle se changea.

Maintenant habillée d'un petit top noir décolleté, d'un jean clair et de ses fameux escarpins Alexis sautillait en direction de l'université. Comme tous les matins, elle se rappelait une fois sortie de chez elle qu'elle était en retard et que mettre des talons à cette heure, ce n'était pas une très bonne idée.

Bref.

Étrangement, et comme tous les jours, la matinée se déroula très rapidement. Et très vite, son ventre allait sonner midi. Et comme tous les matins, Alexis se rendit compte qu'elle avait oublié son repas dans le frigidaire alors que tous les soirs elle faisait un effort pour le préparer malgré ses activités nocturnes. Et manque de bol, elle avait aussi oublié son porte-monnaie. A croire qu'aujourd'hui n'était peut-être pas une journée pour s'aventurer dehors. Qu'est-ce qui va lui arriver encore ? Une rumeur de Gossip Girl sur son cas ?

Bon, il n'y avait plus qu'à se diriger vers le réfectoire. Son estomac lui criait trop famine pour qu'elle renonce à se nourrir. Une nouvelle vie avait commencé depuis la rentrée et Alexis pouvait enfin repartir à zéro. Mais dans ce genre de moment, vos « amis » vous manque quelque peu. Soupir. Son repas du midi se résumait à une pomme, un yaourt et une salade composée. Un vrai repas équilibré pour qu'elle puisse garder sa forme. Et oui, c'est comme tout, ça s'entretient. Mais tandis qu'elle cherchait une place dans la cafétéria de l'université, la blondinette aperçue alors un visage familier : Mélanie Luna Stewart. Elles s'étaient parlées à trois ou quatre reprise mais sans plus, enfin mise à part la confidence que lui avait faite la jeune fille.

Ni une, ni deux, Alexis se dirigea vers elle, et lui demanda « Je peux m'asseoir ici ? », sans attendre de réponse, elle s'exécuta. Et telle une maniaque, A. mis de côté sa pomme et son yaourt et rapprocha d'elle son assiette de salade composée. Elle saisit ses couverts et pris une première bouchée. « Mélanie, c'est ça ? Comment tu vas ? » Évidemment qu'elle se rappelait de son prénom, mais c'était comme un façon d'engager la conversation… Si on veut. Néanmoins, Alexis ne voulait pas la mettre mal à l'aise, mais pour ce genre de chose, la délicatesse et tout ça, ce n'était pas son fort, et elle ne se rendait pas toujours compte que parfois, elle pouvait être vraiment, mais vraiment imposante. « Alors, c'est quoi ton menu du jour ? » Ou tout du moins, elle essayait… Sourire.

C'était peut-être une erreur de s'asseoir près d'elle car elle avait l'air bien concentré dans ses pensées. Enfin, le mal était fait, comme on dit si bien. Alors que la blondinette avait engagé la conversation, elle n'aurait jamais pensé que Mélanie lui répondrait aussi naturellement, et d'une façon assez désobligeante car c'était du question réponse et renvoie de la même question. Cela tournait en rond.

Mais A. n'avait pas la mémoire courte et elle s'était vite rendue compte qu'à toutes les fois où elles s'étaient adressées la parole, Mélanie gardait toujours cette allure enfantine, s'en était presque effrayant d'un côté. Elle avait l'air de quelqu'un de très naïf et elle pouvait facilement tomber entre de mauvaises mains. Au final, heureusement qu'Alexis avait été là le jour où elle l'avait retrouvé en larmes dans le parc. « C'est bien ça ! » répondit-elle avant d'ajouter « et ça pourrait aller mieux ». Sourire. Il est forcé. C'est une façade, comme d'habitude.

Alexis encaissait tellement de choses depuis toute petite qu'elle se comportait toujours comme ça en publique, et surtout en face de personnes qu'elle ne connait pas bien. Mais d'un autre côté, le caractère de Mélanie était tellement facile à cerner que la blondinette en était presque déstabilisée. Elle ne savait plus sur quel pied danser.

Alors que A. s'était empressée de manger avant de lui poser une question sur son menu du jour, Mélanie en fit autant avant de lui renvoyer la même question. Et sur cette nouvelle cuillère, ce fut la bouche pleine qu'Alexis lui répondit « Toh esss' shur moh plashteauh. » Décidément, elle en oubliait les bonnes manières. Assez ironique quand on sait de quelle classe sociale elle est issue. Enfin, elle avait une excuse : son père ne l'avait jamais vraiment éduquée. Non, Alexis n'avait jamais appris ces choses de bourges comme faire de l'équitation, jouer d'un instrument, utiliser les couverts adéquats durant un repas, et j'en passe.

En plus de cela, elle ne lui avait pas énuméré son repas, non, elle lui avait répondu, peut-être d'une façon douche, mais d'un pique. En gros, c'était comme si elle disait : « t'as des yeux, alors ne poses pas des questions idiotes. » Sauf que ! Alexis en avait fait autant. Pourtant, elle avait bien jeté un coup d'œil sur le plateau de Mélanie avant de poser la question. Mais ce n'était qu'une diversion pour engager la conversation. Ce doit être un réflexe humain, non ?

Elle mâcha longuement la bouchée qu'elle avait pris puis déglutit. A. pris ensuite une gorgée d'eau qu'elle venait de se servir. Dommage qu'il n'y avait pas d'alcool. Quel privilège d'être professeur quand même ! Non mais regardez-là, à penser comme une alcoolique. Il faudrait vraiment qu'elle songe à arrêter de passer ses soirées au bar du club de sa résidence parfois. Enfin, c'était devenue une habitude. Et même plus, une tradition.

Soudain. Quelque chose d'assez attendu, si l'on puis dire, se produisit. Deux jeunes filles, assisent derrière Alexis et Mélanie, entrain de pouffer de rire, portable sous les yeux. Puis un mot, ou plutôt deux, résonna dans les oreilles de la blondinette : Gossip Girl. C'était une vague de ragots, et tout le monde aimait ça ! A. se rappela alors la discussion qu'elle avait eue avec Mélanie, lors de leur première rencontre. La bloggueuse avait été la raison de ses larmes. Aussitôt, Alexis se retourna vers sa voisine et lui adressa un sourire avant de lui dire « Tu as l'air d'aller beaucoup mieux que la dernière fois quand même, mais est-ce réellement le cas ? ». Une question assez directe, mais que voulez vous, on ne change pas les bonnes habitudes.

Comme si cela ne lui faisait ni chaud, ni froid, Alexis planta sa fourchette dans son assiette, une nouvelle fois, afin de continuer le repas qu'elle venait d'entamer. Malheureusement, la salade composée de l'université n'était pas assaisonnée, pour des questions de réformes et de ligne, et la blondinette n'avait pas pris la peine de le faire. Alors, aussitôt, elle pris une nouvelle lampée de son verre tout en se réinstallant sur confortablement sur sa chaise, croisant les jambes, l'une par dessus l'autre.

Alors que Mélanie venait de lui renvoyer l'appareil, comme on dit si bien, Alexis avait répondu vaguement, et franchement. Jamais elle n'aurait pensé qu'elle lui demanderait ce qu'il n'allait pas ou quelque chose qui s'en rapproche. Sur le coup, A. fut un peu surprise. Le problème, c'est que lorsque l'on n'a pas l'habitude de se confier et que l'on encaisse toujours tout et ce, depuis toujours, c'est assez dur de répondre très franchement à des questions questions de ce genre, surtout si c'est quelque chose la concernant elle. « Hum, si ! » Respire Alex', respire. Un peu perturbée, elle devait reprendre son sang froid et répondre à cette question.

La blonde inspira longuement, ce qui lui permis aussi de réfléchir un peu plus à ce qu'elle pouvait bien sortir. Et croyez-le où non, en cette fraction de seconde vous avez le temps de penser à pleins de choses. Déjà, allait-ce être quelque chose d'ironique ou de sérieux ? Plutôt drôle, c'est toujours bon de faire rire. Mais ceci, dans le cynisme, comme son caractère lui dicte. « C'est juste que je trouve ça injuste que l'on ait pas le droit à de l'alcool nous aussi le midi ». Sourire. Alexis pris un air triste afin de jouer parfaitement la comédie. D'un côté, ce n'était pas réellement cela qui la tracassait, mais de l'autre, ce n'était pas un mensonge non plus. C'est vrai, de l'alcool pour le repas, c'est cool !

Bref. Silence.

Les mauvaises manières dont s'était épris Alexis sur le coup avait fait rire la jeune fille. Ce qui surpris drôlement la blondinette, mais elle ne s'attarda pas sur le sujet ou du moins, sur la chose et continua de manger tranquillement avant de reprendre de plus belle.

A. balaya la salle du regard, histoire de guetter ce qu'il s'y passait. Elle croisa au passage le regard de deux ou trois mecs et pas mal de filles. Enfin, c'était la même rengaine à chaque fois. Depuis ce jour là, où Gossip Girl avait fait des siennes en postant cette histoire. Oui Nathaniel, le tombeur de ces dames était son ex, et alors ? C'était peut-être la façon dont la bloggueuse formulait ses phrases. Oh oui, elle s'en rappelle encore : « Il paraît que notre petite sainte ni touche de cette année a fait des siennes à l'époque du lycée. Alexis K. Brighton aurait ouvertement attoucher Nathaniel L. Howell lors d'une soirée bien arrosée. ». Soupir, Alexis en était dégoutée rien qu'à y repenser.

Enfin, depuis que la blonde lui avait posé cette question, à propos de sa forme, lorsque Mélanie répondit, elle sortie de sa rêverie et ramena au passage, son regard sur sa voisine. Mais ce qu'elle entendit était évident. Mélanie n'avait tout bonnement pas l'habitude de subir des choses pareilles. Et avec ce caractère si fragile qui la caractérise, il y a de quoi se foutre la tête contre un mur je vous le garantie. Alexis était de nature plus forte, du moins, d'apparence, et elle préférait ignorer tous ces regards et ces ragots, comme si rien ne l'atteignait. Seulement, nous avons tous notre talon d'Achille… Et celui d'A. était bien caché, mais jusqu'à quand ? « Je comprends, mais tu sais, on le voit comme le nez au milieu de la figure que ça te touche. » Franche, comme toujours.

Pause.

Elle n'attendait pas vraiment une réponse de la part de Mélanie, mais juste marquer un temps d'arrêt. Peut-être pour mâcher un peu ses mots, pour une fois. Cette fille qu'elle pouvait considérer comme la petite sœur qu'elle n'avait jamais eue, cette envie, ce besoin de la protéger des autres. « Essayes juste d'être plus forte. » Un conseil. Elle pouvait en faire ce qu'elle voulait. Mais dans le fond, Alexis essayait de l'aider. Sourire. Cette fois-ci, il était plus sincèrement. Il était, compatissant.

Lorsque A. s'était prononcée, elle n'avait pas pensé que ce qu'elle venait de dire pouvait atteindre Mélanie dans un sens au profond. Pour elle, ce n'était qu'une pointe d'amusement, rien de bien sérieux, même si c'est vrai que cela aurait pu être vachement drôle ! Sur le coup, c'est vrai qu'elle ne s'était plus rappelée de ce qu'elle savait de cette jeune femme. Mais après réflexion, et surtout le silence qu'elle lui avait procuré, cela lui fit une sorte d'électrochoc : mais c'est bien sûr ! Cette fille attend un enfant ! En voilà un beau tilt.

Enfin, la blondinette passa une main dans ses cheveux comme si de rien n'était avant de reprendre une lampée d'eau puis de finir son assiette de salade composée en à peine quelques bouchées. Une fois ceci finie, Alexis allait donc s'attaquer au meilleur : le dessert. Aujourd'hui, c'était une pomme et un yaourt, demain, ce sera sûrement un moka au café.

Et si un peu d'alcool ne faisait de mal à personne, s'en était fatal durant les soirées. C'est normal, à notre âge on aime aller dans les excès. On ne sait pas se contrôle et encore mieux on ne veut pas. Alors on se laisse enquiller des verres et des verres d'alcool, à en finir à la bouteille. A notre âge il n'y a que ça de vrai pour se sentir vivant, se sentir exister.

Même si tout ceci, Alexis l'avait dit dans un ton un peu plus froid, mais avec un air de gamine, Mélanie était peut-être naïve, mais elle n'était pas dupe. A ce moment précis, elle eu bien raison de ne pas en rajouter et d'en demander davantage sur les vrais raisons. Alexis était une grande fille, et si elle avait quelque chose à dire, si elle devait se prononcer, elle le ferait d'elle même. Car son caractère en était tel, qu'elle avait horreur qu'on la pousse au cul quand il s'agit de parler de quelque chose dont elle ne veut pas, dont elle ne voudrait qu'oublier.

A. ne connaissait pas Mélanie avant. La seule image qu'elle avait d'elle, c'était celle d'une jeune fille fragile. Jamais elle n'aurait pensé que la jeune fille aurait pu faire la fête autrefois, et même boire ! C'est d'ailleurs ce qui avait sonné étrange dans les oreilles de la blondinette lorsqu'elle lui avait avoué que l'idée de boire de l'alcool lors du repas de midi à la cafétéria aurait été une bonne chance. Enfin bref.

Tout ceci pour en venir au fait, Mélanie n'allait pas bien et cela se voyait, même si elle cherchait à démontrer le contraire. En même temps, cela ne devait vraiment pas être facile. Son ex l'avait lâché, et elle s'était retrouvée en cloque. Bon, pour l'instant son ventre ne se voyait pas encore, mais la pauvre, qu'est-ce qu'elle devait endurer ? C'était vraiment loin dans l'esprit d'Alexis de lui arriver la même chose. Dans le fond, est-ce qu'elle aurait été dans le même état ? Non, la décision aurait été prise depuis le début : trop jeune. Elle aurait avorté. A son âge, elle voulait s'amuser, étudier, sortir, et tout pleins de trucs de jeune mais sûrement pas l'idée d'avoir un gosse.

Alexis finit son yaourt dans le silence, puisque sa voisine en faisait de même avec sa salade. C'est alors qu'elle lui donna des conseils, et Mélanie pris réponse « Je vais essayer ». La blondinette arqua un sourcil et tourna lentement la tête verre elle, la regardant droit dans les yeux. Aucune expression, pas de dégout, de colère, de tendresse. Rien. Juste un regard neutre, quoi qu'un peu surpris vu la courbure que prenait son sourcil. Elle secoua la tête, puis répondit « Tu ne dois pas dire ça, tu dois t'en convaincre ». Essayer. Non mais quelles sornettes. Essayer n'a jamais résolu, il faut s'en persuader, c'est là le secret de faire comme si de rien était, de continuer à aller de l'avant, et surtout, de s'amuser encore et encore, en laissant les problèmes bien enfouis au fond de soit. Si bien qu'un beau jour, plus rien ne nous atteint. Du moins, en apparence.

A. pris possession de son fruit. Une pomme. N'était-ce pas le fruit du pêché, dans la bible ? Adam et Eve, envoyés sur terre pour avoir manger ce fruit interdit. Quelle belle histoire. Alexis se mis à sourire en y pensant. Upper East Side… Il fallait croire que c'était un champ de pommiers, et que tous les jours, on en mangeait. C'est vrai, il n'y a qu'à voir notre « casier », au moins une dizaine de pommes chaque fois, et le voilà blindé. Ah quelle est belle notre jeunesse !

« Il m'est arrivée quelque chose, à moi aussi ». Tiens, peut-être serait-ce l'heure des confidences. A force de regarder cette pomme dans tous sens, en passant par tous les « angles », Alexis s'était mise à repenser à cette histoire. Un vent de folie avait soufflé ce jour là sur Manhattan. C'était peut-être devenue une fille populaire, mais ce n'était pas dans le bon sens. « Mais ça m'étonne que tu ne sois pas au courant ». Peut-être que Mélanie lui cachait tout bonnement le fait qu'elle soit au courant de ce que Gossip Girl avait pu raconter sur elle, à propos des années passées, avec Nathaniel. Laissons un petit silence s'installer, histoire de voir comment Mélanie va réagir. Alexis avait alors croqué un bout dans sa pomme. Elle y avait pris goût, au fruit interdit. Puis elle se tourna vers Mélanie, la regardant de nouveau droit dans les yeux, attendant le moins signe permettant de lire en elle, attendant une réponse.

Si Alexis portait autant d'attention envers Mélanie, c'est parce qu'elle était comme sa petite sœur. D'un côté, elle voulait la protéger, mais de l'autre, c'était comme si elle voulait se convaincre qu'elle n'avait pas pitié. Oui car la situation dans laquelle Mélanie se trouvait était vraiment pathétique. A la fois compatissante, et médisante.

Ce n'était pas dans ses habitudes d'être proche de quelqu'un à ce point là. Et elle ne savait pas tellement comment s'y prendre. A. a toujours gardé une certaine distance avec les gens qui l'entouraient. Peut-être pour éviter d'être blessée une nouvelle fois. Oui, c'était sûrement cela.

En même temps, il fallait voir dans quoi elle avait grandit : la richesse. Et ce monde est bien loin d'être une chose bénie. En fait, ceux qui enviait ce monde étaient bien bêtes et incultes. On se crache dessus, on se fait tomber. Sans oublier que A. n'a jamais réellement eut d'éducation. Une mère décédée dès sa naissance, un père qui s'en fou. Il y a de quoi se tirer une balle, vous croyez pas ?

La famille, c'est vraiment quelque chose de précieux, qu'il ne faut pour rien au monde renier. Car, dans la vie de tous les jours, on coule, on se noie, un peu plus chaque jour. Et lorsque l'on rentre chez soit, on retrouve ceux qu'on aime, et qui nous aimes. Alors, on décroche enfin un sourire, et on continue d'avancer, on continue à aller de l'avant, et on s'accroche. Parce qu'ils sont là, ils nous tendent la main.

Mais quand nous n'avons même pas de famille, que nous reste-t-il ? L'amitié ? L'amour ? Non, tout ceci est éphémère. Le rêve peut-être, l'espoir, le bonheur… Notre vie n'est qu'une quête, à la recherche du bonheur. Seulement, nous ne l'atteignons jamais ou alors sur une courte durée. C'est ce qui nous fait continuer à vivre, continuer à atteindre le bonheur, comme ce jour où on échange notre premier baiser, comme ce jour où on rapporte une bonne et la reconnaissance de son père, comme le jour où il nous dit « je t'aime », comme ce jour où on fait sa première fois, comme beaucoup de jours en fait. Même si la tristesse semble longue, le bonheur est partout, il faut savoir s'en rendre compte.

En pensant à tout ça, Alexis venait de saisir une occasion. Inconsciemment. Une destinée comme en diraient certains. Nous naissons et nous mourons tous. On part d'un point A pour arriver à un point B. Seulement, on passe par des chemins différents. Et parfois, les routes se croisent et s'entrecroisent. Alors on fait des rencontres, un bout de chemin avec ces personnes, jusqu'à ce qu'on les perdes de vue. Encore une fois. De toute façon, on ne sait jamais de quoi demain sera fait.

Soupir. Mélanie n'était donc pas au courant. Étrange pour quelqu'un qui connait le blog de Gossip Girl – même si elle le déteste – et qui plus est, s'est retrouvée sur ce blog. Alexis doutait fortement de l'air surpris de Mélanie. Mais sa naïveté lui faisait toujours avoir raison, au final. Bref. Machinalement, A. passa une nouvelle fois une main dans ses cheveux avant de lui répondre « Eh bien… » Hésitation. « Je me suis retrouvée moi aussi sur son blog, à Gossip Girl… ». Silence. Réfléchissons à comment tourner cette phrase en étant la plus courte possible. « Il paraît que, soit disant, petite sainte ni touche que je suis, j'aurais fait des miennes à l'époque du lycée. Enfin, qui ne fait jamais des erreurs sous l'emprise de l'alcool… » C'est vrai que si c'était à refaire, elle s'y serait prise dans un coin plus tranquille. Cependant, jamais elle ne pourrait regretter ses années de lycée, avec son premier amour. « En gros voilà. » Point, final. Une peu gênée de s'être confiée sans oublier que ce genre de chose n'était pas dans ses habitudes, Alexis leva la tête au plafond, roula des yeux et lâcha un nouveau soupir avant de recommencer à croquer dans sa pomme.

A vrai dire, à ce rythme de vie, Alexis allait sûrement changer du tout au tout. A l'époque, elle n'était pas tellement connue. Elle avait quelques amis, par-ci, par-là, mais sans plus. Néanmoins, tout le monde connaissait la famille Brighton. Elle faisait partie de l'élite après tout. Puis sans compter sur son ex petit ami, Nathaniel. La famille Howell était vraiment réputée, elle aussi. Alors quand l'union de ces deux familles explosent au grand jour, vous pouvez être certain que cela fait mouche.

Mais à l'époque, il n'y avait personne pour raconter la vie de qui que ce soit dans les moindres détails. Et les rumeurs se limitaient à des « on dit » ou « il parait », ou encore « j'ai vu ». Et lorsque le lycée se termina, Alexis pensait pouvoir tout effacer, et tout recommencer. L'université lui aurait ouvert ses bras, c'était une seconde chance. Mais à croire que le pire n'était pas encore arrivé. Et surtout, toutes ces personnes qu'elle avait pu connaître au lycée, où d'une moindre, une grande partie d'entre elles, s'étaient dispersées dans les différentes universités qu'offrait l'État. Seulement, cette nouvelle vague était sans nul doute, le pire à venir.

Et selon comment notre entourage nous perçoit, on s'adapte. Oui elle savait s'amuser, mais à l'époque, personne n'était au courant. Maintenant, le moindre écart de conduite, et tout le monde le sait. S'amuser à nous faire couler, là était donc le seul passe-temps des étudiants de nos jours. Oui, elle allait changer. Pour l'instant, ce n'est qu'une fille plutôt banale, avec un caractère à peine forgé. Mais avec le temps, comment allait-elle finir ? On pouvait déjà quasiment la considérer comme une reine. Elle s'était tapée the playboy. Mais peut-être allait elle détruire son image, en étant tirer vers le bas, en s'enfonçant un peu plus chaque jour, dans l'alcool et ses vices, dans la débauche.

Mélanie, toi qui est une fille encore si jeune, tu n'as pas l'air de savoir à quoi ressemble notre monde, comment vas-tu évoluer ? Toi qui est si naïve, ne caches-tu aucun noir secret ? Un petit jeu sexuel, une petite dealeuse ? Comprends-tu maintenant le monde dans lequel nous vivons, nous l'élite new yorkaise ? Et saches que rien ne va en s'arrangeant. A notre âge, on parle sex, drugs and rock'n'roll, mais plus tard, lorsque l'on sera à la tête de l'entreprise familiale, que crois-tu qu'on fera ? Ce ne sera juste qu'un niveau supérieur, mais la mentalité reste la même…

Soupir. Alexis se gratta le bout du nez tout en écoutant la réponse de sa voisine. Un petit tic. Il paraît que cela signifie de la gêne. Pour l'instant, elle était ainsi, mais on ne reste pas éternellement la même personne. Peu à peu, on devient l'étiquette qu'on nous colle. Et Gossip Girl avait commencé en beauté. « D'un côté, je dois dire que cela peut être bénéfique. Au moins, tu sauras si ton mec sort avec une autre fille, où s'il s'en est tapé une autre. » Il faut voir le bon côté des choses. « Mais si l'on parle de toi, c'est normal de réagir ainsi ». C'est tellement plus facile de se moquer des autres. Mais cette Gossip Girl, qui est-elle ? Un réel modèle de vertu et de chasteté ? Ou est-elle encore pire que nous le sommes déjà ?

Mélanie lui posa une dernière question. Et pendant ce laps de temps, Alexis pu finir son fruit. Elle posa de nouveau un regard sur elle, avant de répondre à sa question. « Oui et non ». C'était tout. En ce moment, elle ne savait plus tellement où elle en était. Les gens changent, et elle n'y allait pas faire exception. Non, croyez-moi. Puis, retour à la réalité. Un sourire moqueur. A. était entrain de regarder les manières de Mélanie sans s'en rendre compte jusqu'à ce qu'elle réalise. C'était sa façon de manger. Il y avait un si grand fossé entre son monde et le sien. Mélanie vivait encore dans un cocon douillet, tandis qu'Alexis avait déjà passé ce cap. En fait, elle ne l'a jamais vraiment eut. Mais pas seulement comment mangeait Mélanie, il y avait aussi ce stress. Les nerfs qui lâchent. Une attitude blasée. Puis, d'un coup, Alexis tapa des mains. De quoi en faire sursauter plus d'un ! Elle regarda sa voisine et lui adressa un sourire : « Et ce garçon, tu l'aimes encore ? Pourquoi tu ne lui dis pas ? ». Une question, ou plutôt deux, dont la blondinette attendait la réponse sans attendre.

Le problème avec les filles naïves, c'est qu'elles le sont bien trop. Même s'ils n'étaient plus ensemble, d'un côté, Alexis voudrait pouvoir frapper ce mec qui a pu laisser une pauvre étudiante en cloque comme ça. Sans dire que Mélanie ne faisait pas partie de l'élite new yorkaise. Comment allait-elle s'en sortir ? Alexis était peut-être une bonne poire quand elle le voulait mais elle ne voulait pas s'attirer des problèmes. Ils étaient déjà suffisamment en nombre.

Gossip Girl, un sujet qui revient à la bouche de tout le monde, et ça qu'on l'aime où qu'on l'a déteste. Pourquoi nous sommes tant attirés par son blog ? La vérité, la réalité ? Notre monde n'a rien d'un long fleuve tranquille. Et elle ne faisait que souligner ce point. Gossip Girl, toi, quelle erreurs as-tu pu commettre ? Tu n'es sûrement pas tout blanche non plus, j'en suis certaine…

Son passe-temps était peut-être de dévoiler la vie des autres, mais la sienne devait être bien trop ennuyeuse pour qu'on en parle. Jalousie ? Allez savoir… Mais une chose était sûre, avec son blog, on se rend plus facilement des choses qu'on fait. Que ce soit en mal, ou en bien. Malheureusement, c'est très peu souvent de fois en bien. Bienvenue à l'upper east side mes amis !

En entendant la réponse de Mélanie, Alexis haussa les épaules, histoire de dire « qu'est-ce que tu veux ? » C'est comme ça après tout. Il y avait les bons et les mauvais côtés, et c'était beaucoup plus présents lorsque l'on évoque la vérité. « Je pense que des gens le souhaitent, bien au contraire ». Évidemment, paraître dans son blog, c'est être le centre d'intérêts de toutes les discussions. Les nombrilistes, narcissiques, égocentriques et j'en passe, eux ils avaient tout intérêt à être sur son blog. Et parfois, on s'en rendait compte rien qu'à regarder leur comportement.

Alexis et Mélanie n'avaient rien en commun. Et à ce moment précis, elles étaient entrain de faire connaissance. Quoi de plus normal entre deux êtres humains ? Sauf que, comme on dit, « notre jardin secret », c'est le nôtre. A nous. Et il y a des choses dont on ne doit pas parler. Du moins, pas pour l'instant. Elle n'était pas encore prête. C'était tellement récent.

Par contre, là ce qu'elle venait d'entendre lui fit changer du tout au tout. L'envie d'étrangler ce qu'il lui servait d'ex mais à un point inimaginable. « gâcher sa jeunesse » vous dîtes ? Non mais il se prend pour qui lui ? Ce que venait de lui sortir Mélanie la mis dans une colère folle, ce qui se laissa entendre : « QUOI ? » Alexis venait de se lever en plein milieu du réfectoire. Rien de tel pour se faire remarquer plus que ce qu'elle ne faisait déjà. Après quelques secondes de silence, elle se rassis, sourire un peu niais sur la bouche. Il y avait de quoi être gênée. « Non mais il se prend pour qui lui ? Il t'as mise enceinte ! Qu'il assume ses actes au moins ! Tu m'étonnes qu'il est jeune, il ne sait pas ce que cela représente où quoi ? Non mais ces quoi ces mecs qui ne comprennent rien de vie ! » Bravo Alexis, tu venais de te taper un super monologue. Enfin, elle était hors d'elle d'un côté, donc ce comportement était justifié. Quelques seconde après, elle réussit tout de même à reprendre son calme. Elle toussota. « Eh bien tu l'appelles, tu lui dis de revenir ! » Non, ce n'était pas bien de penser comme ça. Il fallait réfléchir. Alexis hésita longuement avant de poser sa question, mais finalement, elle lui demanda. Autant tenter le tout pour le tout : « Et pourquoi tu n'avortes pas sinon ? » Silence.

Pendant un instant, un si court instant qu'elle avait cru rêver que Mélanie, l'air si songeuse et à la mine si triste venait de se rappeler d'un souvenir au point de faire remonter ce qu'elle gardait au fond d'elle, au point de verser une petite larme. Mais cet instant fut si court qu'elle se dit simplement que c'était son imagination. Ou peut-être un flash. C'est vrai, ce n'était pas la première fois qu'Alexis la surprendrait en larmes. Mais peut-être que cette fois-ci Mélanie avait compris. Oui, elle avait peut-être retenue ce qu'Alexis lui avait conseillé : devenir forte.

Alexis n'a jamais réellement vécu la mort d'un de ses proches. Même si sa mère était décédée, elle n'avait pas connu la tristesse de perdre un parent. Et son éducation si peu présente ne lui appris pas qu'il fallait pleurer lorsque l'on perdait quelqu'un de cher. Si un jour cela devait arriver, elle serait sûrement silencieuse, regardant tout autour d'elle, mais sûrement pas la personne qui lui avait annoncé la nouvelle. Et en elle, une image. L'imagination qui travaille, qui imagine cette personne mourir, mais aucune larmes. Non pas qu'elle était insensible, mais qu'elle n'y arrivait tout simplement pas. Chose encore incomprise aujourd'hui.

Sa mère est morte le jour de sa naissance. Une vie pour une autre. Qui a dit que la vie était un cadeau ? Non, ce n'est pas quelque chose que l'on offre si c'est pour causer la mort de quelqu'un ensuite. Et puis, il n'y avait pas que cela. La tristesse de son père, qui peu à peu, lentement, se transforme en haine, contre sa fille qui a tué sa mère. Peut-être qu'un jour Alexis lui pardonnera. En fait, elle ne lui en a jamais voulu. Petite, elle a toujours voulu se rapprocher de lui, se montrer digne de sa famille, lui prouver qu'elle n'était pas là pour rien. Mais à chaque fois, à chaque essai, son père brisait ses rêves, l'ignorant, la traitant comme une adulte. Quand on est enfant, l'âge de l'innocence, on ne doit pas être traité ainsi. Non, les enfants ont besoin de grandir en s'amusant. C'est comme ça qu'ils découvrent la vie. Pour Alexis, elle avait déjà l'impression de tout connaître… Triste, n'est-ce pas ? Elle n'avait même pas dix neuf ans qu'elle avait déjà vécu les plus grands moments de sa vie. Alors quand on grandit ainsi, que reste-il ? Si ce n'est vivre dans l'excès.

Le besoin d'une adrénaline constante, de mettre sa vie en danger à chaque instant, de jouer à des jeux débiles, de faire ça avec n'importe qui et n'importe où. De toute façon, à l'heure d'aujourd'hui, on ne pouvait plus se cacher. Non, pas sous l'œil de cette bloggueuse. Et puis, de toute façon, qu'est-ce que cela pouvait bien faire si elle se baisait baiser par tous les trous ? C'était sa vie… Un seul temps mort pouvait l'arrêter. Cet homme, son père. Oui, au fond d'elle, elle aimerait qu'il soit fier de lui. C'est la seule famille qui lui restait, elle avait besoin de ça. Elle avait besoin de quelqu'un pour lui dire « c'est mal », ou alors « c'est bien ». Et si Alexis devait écouter quelqu'un, ce serait lui. Mais en son absence, sur qui pouvait-elle se reposer ? Les pires relations, sont peut-être les meilleures en fin de compte. Jake l'avait compris depuis bien longtemps.

Dur retour à la réalité, et d'autant plus lorsque l'on entend des paroles si peu réfléchies d'une jeune fille pas plus âgée qu'elle. Elle voulait lui faire plaisir. A quoi pensait-elle ? A de la maturité ? Non, ça c'était bien un choix irréfléchi. Et même si Alexis pouvait se laisser aller à des plaisirs de jeunesses, ce genre de chose n'en faisait pas parti. Soupir. Que répondre à ce genre de phrase sans paraître agressive et méchante. Allez, autant essayer d'arriver à quelque chose de sincère, tout en restant agréable « Tu veux dire que tu voulais cet enfant ? ». Si Alexis lui avait proposé de l'appeler, c'était davantage sous la colère. Si cela devait lui arriver, vous pouvez être certain qu'elle lui en aurait fait baver, et ce, par tous les moyens possibles. Et puis, ce n'est pas les idées qui manquent, et encore moins l'argent. Alors, les moyens elle les avaient. Mais dans le cas de Mélanie, c'était une toute autre histoire. Comment se sortir de ce genre de pétrin lorsque l'on était issu de la classe populaire ? Alexis ne le savait pas. Elle ne connaissait pas ce monde, tout comme Mélanie ne connaissait pas le sien.

La réponse du désespoir, c'est tout ce qu'elle pouvait en conclure. Il ne reviendrait pas. Il avait peut-être choisi de partir mais rien n'empêche d'essayer. Elle avait l'air tellement attaché à lui. Elle qui pourtant, jeune fille si naïve, comment pouvait-elle avoir autant de fierté ? Elle devait continuer. Qui ne tente rien, n'a rien, après tout. Et cette devise, Alexis l'a connaissait bien. Et oui, quand on vit dans un tel monde, on aime tenter le pire des pari. Et croyez-le ou non, mais ceci ne vole pas bien haut. Mais que serait la jeunesse sans ce genre de conneries ? Ce serait bien ennuyeux. Sans nul doute. Et puis, on apprend de nos erreurs et c'est comme ça qu'on avance. « Comment tu peux savoir si tu n'essaies pas ? » C'est vrai ça. Il faut tenter le tout pour le tout, et là elle serait fixée.

Puis, vint la réponse à son ultime question. Pourquoi n'avortait-elle pas ? Mélanie répondait dans le flou. Elle ne savait pas. Chose tout à fait normal, à son âge, dans cette détresse, seule et sans amour. Soupir. De nouveau. Là, elle n'allait sûrement pas y aller avec des pincettes, mais il le fallait. C'était le remède miracle pour faire réfléchir les gens. Et elle le savait mieux que quiconque. D'après, pourquoi n'a-t-elle pas eu d'enfant joyeuse ? Parce que sans arrêt, son père la considérait comme quelqu'un d'adulte, et donc, sans arrêt, elle se remettait en question. Mais maintenant, plus question. Il n'est jamais trop tard pour rattraper le temps perdu. Mais dans le cas de Mélanie, il fallait faire quelque chose, et vite. « Franchement. Mélanie, regardes-toi ! T'es étudiante, et excuse-moi du terme, tu ne fais pas partie de la haute société. Que crois-tu pouvoir lui apporter à ton gosse si tu n'as même pas finie tes études. Dans quoi vas-tu le faire grandir ? Et puis, un môme, ça a besoin de ses deux parents. La tendresse d'une mère, et l'autorité du père. Crois-moi. » Voilà, c'était chose dite. Silence. Il fallait que Mélanie digère tout ce que Alexis venait de lui mettre en face. Mais c'était la stricte vérité. Et elle parlait en connaissance de cause. Elle, elle n'avait eu que l'autorité de son père. La tendresse, elle ne l'avait pas connue. Du moins, pas celle d'une mère. Mais heureusement que Nathaniel était là. Chaque jour. Il lui avait donné goût en la vie, en le monde extérieur. Et ça, jamais elle ne l'oubliera. A jamais, elle lui en serait reconnaissante. Et ce, jusqu'à dans sa tombe. Promis.

La meilleure chose à faire pour éviter toute sorte de risque c'est avant tout de se protéger. Bon, c'est vrai qu'à notre âge, un bon coup dans le nez et on oublie vite la protection. Mais il y avait tellement de choses mises en œuvre aujourd'hui pour éviter tout ça : la pilule d'urgence, ou alors, la pilule tout court. Elle protège au moins des erreurs comme ça, même si elle n'empêche pas les maladies. Et dans le monde dans lequel nous vivons aujourd'hui, les one shot, il y a de quoi craindre les maladies. Enfin, Alexis n'allait tout de même pas lui faire une leçon là-dessus, elle était assez grande pour savoir tout ça. Non ?

L'amour, l'amitié, toutes petites choses, c'est toujours tout beau, tout rose au début. Parfois ça dur, et parfois non. Il faut savoir réfléchir, rien de plus. Rien n'est éternel, tout est éphémère. Soit on arrive à préserver, soit ça casse. Ce n'était qu'un perpétuel recommencement. Mais si ce n'était pas le cas, on s'ennuierait, et alors notre raison de vivre n'aurait plus aucun sens. Il fallait toujours trouver la petite faille pour ne pas sombrer dans la routine, pour éviter le pire. C'était un combat. Chaque on devait se battre pour garder les petites choses, aussi anodines qu'elles soient, pour continuer à avoir espoir.

Dans n'importe quel cas, si l'homme est plus âgé que nous, alors c'est sûrement la meilleure chose, car intérieurement, cela voudrait dire qu'il avait donc la même mentalité que nous. Seulement, si on vient de l'Upper East Side, c'était un peu plus difficile de comprendre ça. Et c'est pareil pour les parents. Nous sommes et nous resteront éternellement des gosses de riches. Notre vie est tellement différente de celle des autres. On a déjà tout, et ce qu'on avait pas encore, il nous fallait pas plus d'une journée pour se le procurer, alors quoi de mieux que de gâcher sa vie pour continuer à vivre ? Le problème d'être riche, c'était bien celui là.

Ceux qui nous enviait, nous habitants de l'Upper East Side, étaient bien bêtes. Car nous avons tout, mais au final, nous avons rien. L'amitié marche sur l'argent, la popularité. Quant à l'amour, on le brise facilement. La preuve, pour conserver l'honneur de la famille Brighton, n'était-ce pas ce que Alexis avait du faire ? Perdre l'amour. Quelle triste vie. Nous n'avons pas de famille. Tout est sur l'héritage. Rien n'est réel. Quelle ironie. A croire tout avoir, au final, nous n'avons rien du tout.

Ce n'est pas qu'elle voulait presser Mélanie, mais tout de même. Le temps était compté. L'avortement n'était pas éternel. Il fallait qu'elle réfléchisse, et Alexis n'allait pas se gêner pour lui dire de la façon la plus franche qu'il soit « Eh bien, il serait peut-être temps d'y réfléchir. » Sourire. Histoire de montrer qu'elle n'était pas contre elle, mais plutôt avec elle. Elle n'allait pas lui donner de l'argent ou quoi que ce soit, il fallait qu'elle règle ses problème comme une grande fille. Et même si elle venait de dépasser sa majorité, on appelait pas ça « l'âge de raison » pour rien. Enfin, en tout cas, pour les personnes de sa classe.

Et puis, peut-être que l'homme qu'elle aime lui reviendrait si elle en décidait autrement. Il était bien jeune lui aussi. Tous deux étaient trop jeunes pour endurer une telle responsabilité. L'heure était à la découverte. Il ne fallait pas aller plus vite que la musique. Et lorsqu'il aura grandit, tout comme elle, peut-être réfléchiront-ils et décideront de fonder une famille. Mais pas maintenant. De toute façon, à cette heure, cet enfant n'aurait pas de famille. Et si elle voulait le garder, elle pouvait toujours le faire adopter. Mais franchement, louper la moitié de son année à cause de sa fin de grossesse, et même après l'accouchement. Surtout qu'à la fin de l'année, c'était le temps des partiels. A part redoubler, elle n'irait pas bien loin avec cet enfant. C'était plus un fardeau qu'autre chose.

Et là, la réponse du siècle, totalement à côté de ce que Alexis venait de lui dire. Elle ne voulait pas le rappeler pour ne pas se prendre un râteau. Mais c'était fini l'époque du collège. A dix huit ans, on tente le tout pour le tout. Il ne fallait pas s'arrêter sur si peu. Mais bon, elle avait l'air d'être têtue et rancunière. La blondinette dû trouver une autre solution pour lui répondre « Dans ce cas, tu n'as qu'à l'appeler pour prendre simplement de ses nouvelles, vous voir, et puis selon comment les choses évolueront, tu aviseras. »

Puis, vint l'heure de la petite phrase que Alexis attendait. Bien qu'elle n'avait jamais vécu ça, de son côté car elle était légèrement préventive sur ce niveau là, elle n'était pas stupide pour autant. Bien sûr qu'un petit être vivant là, en soit, c'était douloureux de le perdre. Mais il le fallait, pour son bien. Bientôt, le doute envahi la jeune fille. Elle ne voulait pas la pousser à l'avortement si elle ne le voulait pas. Elle lui donnait simplement des conseils, pour l'aider à prendre la bonne décision. Alexis en était persuadée, elle avait tout de même raison. Son choix était le bon. Il ne fallait pas le garder. Aussi, elle ajouta, sourire compatissant aux lèvres, le regard doux « Je serais là. » Aussitôt, Alexis saisie son sac et en sortit un bout de papier et un style. Elle nota quelque chose et le donna à Mélanie « Tiens, je te file mon numéro. Quand tu seras prête, tu n'auras qu'à m'appeler ».

[ HRP - je conclue notre rp, enfin, pour ma part, j'espère que tu ne m'en veux pas, mais on a bien avancé ]

L'appeler ne signifiait pas le demander en mariage. Non, il fallait y aller en douceur, prendre son temps. C'était aussi ça qu'elle voulait dire lorsque Alexis lui dit « tu aviseras ». Elle lui proposait simplement de repartir à zéro. Et même s'il refusait de la voir, au moins, elle serait fixé. Et par téléphone chez elle, personne n'en serait au courant, sauf elle. Alors franchement, qu'est-ce que ça pouvait coûter d'essayer ? Rien. Puis, peut-être que les choses seront totalement différentes. Peut-être qu'il accepterait de lui parler et de la revoir. Il ne fallait pas voir le mal partout. Sinon, jamais elle n'allait pouvoir s'en sortir. Quelle pessimiste alors !

Finalement, Mélanie avait l'air d'avoir reçu le message. Garder cet enfant était une erreur. Il fallait peut-être qu'un personne lui pose la question, et l'aide dans son choix pour qu'elle réfléchisse enfin et qu'elle se rende compte de son erreur. Car oui, c'était une erreur. L'âge, la situation, la classe sociale. Rien n'était réuni pour que son enfant grandisse normalement. Et Alexis en avait un parfait exemple, même si elle ne le citerait pas. Oui, Jake. Sa famille, le manque d'argent, regardez ce qu'il était devenu à l'heure d'aujourd'hui. Mélanie n'aurait pas souhaité que son enfant devienne comme ça, et encore moins comme elle. Les parents ne veulent jamais ça. Même si au final, les enfants ressemblent toujours à leurs parents.

Puis, pour l'instant, elle était encore jeune. Peut-être que le grand amour n'était pas lui. Cela pouvait aussi être le cas pour Alexis. Peut-être que Jake se trouvait juste sur la route du destin. Leur chemin se sont croisés, et maintenant, elle continuait seule. On en revient toujours au destin, n'est-ce pas ? Mais en même temps, le destin, qu'est-ce que c'est ? Le destin, c'est notre avenir, c'est quelque chose que l'on ignore, c'est quelque chose d'insaisissable. On ne saura pas de quoi sera fait demain, alors cela nous effraie. C'est peut-être pour ça que beaucoup de monde aimaient vivre dans le passé.

Mélanie avait beaucoup trop d'aprioris pour son lendemain. Mais il faut tenter. Il faut avancer. Sinon, à quoi ça sert de vivre ? C'est pourtant tellement excitant de ne pas savoir dans quoi on avance. Et d'un autre côté, c'est tellement noir, on en a peur. Pourtant, la vie est ainsi. Tous les être humains avancent en direction du point B, en direction de la mort. Et si l'on ne vit pas, autant y arriver par ses propres moyens et en finir. Et encore, il faut le courage ! Il paraît que c'est lâche de mettre fin à ses jours. Au contraire, donner fin à sa vie soit-même, il faut vraiment être courageux. Ceux qui se laissent aller, qui se laissent vivre, ce sont eux les peureux.

Peut-être qu'au final, elle avait changé d'avis. Elle allait réfléchir. Bon, on avance, lentement, mais sûrement. Elle n'avait pas encore l'air sûre. C'est vrai, elle ne savait pas dans quoi elle se lançait. Cette fois-ci, Alexis ne répondit rien, elle se contenta d'acquiescer d'un signe de tête et de sourire. Après tout, elle n'allait pas dicter la vie de Mélanie. Elle passait juste sur son chemin, et elle la prenait simplement par la main pour continuer à avancer. Alors les relations humaines ne servent donc qu'à ça ? Pas étonnant que les gens soient si solitaires.

Elle restait pensive. Alexis ne pu s'empêcher d'ajouter « Je crois que ton plat est froid maintenant ». Rires. Une petite moquerie. Il fallait bien mettre un peu d'humour dans cette conversation si cafardeuse. Sur ce, la blondinette se leva, adressa un sourire à Mélanie en ajoutant une nouvelle fois « Je compte sur toi. » Elle saisit ensuite son plateau et avant de tourner les talons, elle lui adressa un sourire, encore une fois puis lui dit « Bon ! On ne va pas tarder à reprendre, je vais aller chercher mes affaires. » Elle exécuta son geste, puis alla poser son plateau avant de sortir du réfectoire.