. J'ai 20 ans. Je suis né(e) le 26 mars à New York. Je viens d'une famille aisée. Je vis ici dans l'Upper East Side. J'ai des tendances hétérosexuelles. Je suis en couple avec Nine Hamilton. J'appartiens aux elites. Je suis en 2e année d'étude. Je suis spécialisé en architecture. Elle me surnomme DCharles .

Jouer au con et faire croire aux gens qu’on est stupide alors qu’on l’est pas, c’est hilarant, vous devriez vraiment essayer. Ça doit être une des activités auxquelles je m’adonne la majorité du temps, même en classe. Mes profs en ont marre que je sorte des vannes pourries, mais parce que j’suis intelligent, ils me laissent rester en classe. Faut croire que ça se trimballe de génération en génération dans ma famille, parce que c’était la même chose avec mon père, mon grand-père, mon arrière grand-père, etc. Je sais pas vraiment si je pourrais définir ce qui nous donne cette attitude, mais moi ça me plait et je la changerais pour rien au monde, et puis j’peux pas dire que si on me donnait de l’argent je changerais d’avis, parce que j’en ai déjà beaucoup. Je me vante pas, loin de là… J’trouve que les mecs qui se vantent sont arrogants, suffisants, et je les hais, alors j’me paie leur tête, tout le temps. « Darren tu te bouges ? On doit aller à cette conférence lancée par ton père. » Mina, ma sœur, me le dit en soupirant. Quand on nous regarde, on trouve pas d’air de ressemblance, et la raison est simple, Mina est ma sœur adoptive. Mes parents l’ont adopté quelques mois après ma naissance, et au lieu de Mina Sanchez, elle est rapidement devenue Mina Charleston. Contrairement à c’que les gens peuvent croire, mes parents l’ont pas adopté par pitié ou obligation… Ils l’ont adopté parce que j’avais clairement besoin de quelqu’un d’autre pour m’aider à les supporter, qui plus est, ils voulaient un autre enfant. Ma mère a eu un accident, et du coup les médecins lui ont annoncé qu’elle allait pas pouvoir avoir d’autres enfants après moi, parce que j’étais une exception. Mina est entrée en jeu à ce moment, et nos vies ont changé grâce à elle. Malheureusement, quand on dit qu’il faut pas se fier aux apparences, c’est vrai, et ça s’applique spécialement à notre famille. Les Charleston ont cette manie de tout faire bien paraître, comme si y’a jamais rien eu de mal et qu’on a toujours été la famille heureuse qu’on prétend être aux yeux des autres parce qu’on le doit. On le doit parce que quand on fait partie de l’élite, on est obligés d’agir comme des saints, rester dans le droit chemin, gaspiller notre jeunesse à tenter de se frayer un chemin dans la haute-société parce que c’est là qu’on va se retrouver quand on est assez vieux pour avoir des enfants et entrer dans le vrai monde. C’est de la merde, cette vie, sans blagues… Bref, je disais donc que ma famille est dysfonctionnelle depuis quelques années. Tout a commencé quand Mina a eu 15 ans. C’est une histoire dont on évite très fortement de parler, parce que notre famille serait déshonorée et tout… J’ai honte de porter mon nom de famille, surtout parce que c’est celui de mon géniteur. Je l’appelle plus « papa » depuis longtemps, depuis le soir où j’ai découvert sa vraie nature. Qui aurait un jour cru que Julian Charleston ferait des avances à sa propre fille ? En fait, vu que c’est pas vraiment sa fille, il peut en faire ce qu’il veut… C’est l’excuse qu’il a utilisé quand la police était entrain de le menotter parterre. Quand j’ai retrouvé ma petite sœur recroquevillée dans un coin de sa chambre, pleurant en silence parce qu’elle avait peur que quelqu’un entende. La pire image qu’on ait jamais pu m’imposer c’est celle-là, Mina entrain de pleurer, terrorisée. J’me suis ensuite demandé s’il avait tenté avant, mais Mina m’a juré que non quand je l’ai questionné, et elle m’a dit qu’elle mentirait pas sur ce sujet parce qu’elle savait que c’était important. Bref, j’dois arrêter de ressasser des événements passés. « J’arrive. » Le connard qui m’a conçu avec ma mère – la pauvre – donne une conférence sur j’sais pas trop quoi et j’suis obligé d’être là, ayant le malheur d’être son fils.

Mon père a eu la chance de sortir, sans trop de torts. Il habite plus avec nous, et il essaie de renouer le contact, mais il reste quand même éloigné et j’refuse de le voir, jusqu’à aujourd’hui. Je l’emmerde, et s’il a des trucs à dire, qu’il les garde pour lui parce que c’sont des trucs qui se font pas, c’est tout… Bon, la journée passe, et la conférence est nulle à chier, comme d’habitude. J’me suis aussi rendu compte que j’le méprise toujours autant, et que j’en ai absolument rien à foutre de l’humilier en public. Mais l’humilier lui, revient à m’humilier moi, parce que par malchance – on a que ça dans cette famille – je lui ressemble… Quand j’disais que faire le bouffon me rapportait mais pas tant, c’est exactement ça que j’voulais dire. Quoi qu’il en soit, j’suis enfin dehors, j’ai vraiment besoin de prendre de l’air. J’me fumerai une clope, mais j’ai décidé d’arrêter parce que ça va juste finir par me pourrir la vie, et que sérieusement, j’en ai pas besoin. « Va pleuvoir, tu devrais pas rester là. » « C’pas grave... J’ai vraiment besoin d’air, c’est tout. » « Comme tu veux… » « Mina… J’sais que ça t’emmerde tout ça, et j’suis sincèrement désolé que tu doives le subir. » Elle prend ma main et finit par m’enlacer. Je resserre l’étreinte et respire son parfum. Ma sœur c’est la femme de ma vie, je la laisserais jamais tomber, pour rien, ni personne. « Tant que t’es là, je peux tenir. M’abandonne pas c’est tout. » « Jamais. » Elle se décolle et passe sa main sur ma joue, puis me sourit. Elle s’en va ensuite, rejoindre maman. J’reste là, j’rentrerai chez moi plus tard, pour l’instant j’ai pas trop la tête à ça. Il commence à pleuvoir légèrement, et honnêtement, j’resterai là à me laisser pleuvoir dessus. J’avance légèrement, déboutonnant un peu ma chemise, me débarrassant de ma cravate qui m’étouffe. J’suis bien habillé et ça me gave, parce que tous les gens me connaissant bien savent parfaitement que j’supporte pas tellement les costards. J’entends un bruit, du coup j’marche en direction de ça, et j’remarque – sous la pluie légère – une femme avec un bébé dans ses bras. Je sais pas si c’est mon esprit qui me joue des tours ou si elle est vraiment entrain de pleurer. Putain… « Nine ? » Ça faisait un petit bail qu’on s’était pas vus elle et moi. J’me souviens l’avoir rencontré quand elle était enceinte et qu’elle avait des problèmes avec son copain, son ex… « Qu’est-ce que tu fais dehors comme ça ? » Je m’assois à côté d’elle et contemple la petite beauté qu’elle tient. Je savais pas que c’était possible de tomber amoureux d’un bébé instantanément. Moi qui suis souvent maladroit pour les sentiments, là je vois extrêmement clairement. Cette petite est juste… magnifique, comme sa mère. « Je… Ça… Je sais pas. J’ai personne… » « J’prends tes valises et tu viens vivre chez moi, point. » « Tu peux pas faire ça, Darren, c’est pas… J’veux pas t’encombrer avec mes problèmes. » J’esquisse un sourire en coin, si elle savait… « C’est certainement pas toi qui vas faire augmenter mon quota de problèmes. Tout le monde en a… J’suis prêt à assumer les tiens aussi. » Elle relève la tête, et j’essuie les larmes qui perlent son visage, meurtri par la tristesse. J’me sens mal à l’aise d’un coup, mon cœur se met à battre trop fort, alors j’recule et j’me relève. J’prends ses valises et j’appelle ma mère, lui annonçant que je ramène deux autres femmes à la maison. À croire que j’adore être entouré d’elles… C’toujours mieux qu’avoir mon père dans les alentours.

Un ou deux mois passent, les choses vont bien. Miraculeusement j’vais encore à l’école, et ça me fait marrer parce que j’me dis qu’en ce moment j’pourrais tellement rien foutre et avoir une vie quand même. Ça semble ironique, parfois, mais j’aide Nine à élever sa fille, et j’la considère parfois comme la mienne. Quel mec de mon âge accepterait d’assumer les responsabilités du bébé d’un autre ? J’sais pas trop ce qui me pousse à le faire, en fait. Ou peut-être que si, dans le fond, mais j’veux juste pas… J’peux pas. Elle sort d’une relation extrêmement difficile. La preuve, quand on s’est rencontré la première fois, c’est parce qu’elle s’était battue avec son ex, et j’l’ai réconforté. J’sais plus ce qui s’est passé ensuite, parce qu’elle a disparu un peu de la circulation, et que j’ai dû aller dans une autre ville pour un stage. Bref, le temps passe tellement vite que parfois c’est dur de s’en rendre compte, d’essayer de rattraper les minutes qu’on a perdu à pouvoir faire un truc qu’on aurait voulu faire. C’est la vie par contre, on doit s’y faire, et j’m’y fais. « Tu fais quoi ce soir ? » Nine se retourne, sursautant. « Désolé, j’voulais pas te faire peur. » Elle sourit, et ferme les yeux, prend une grande respiration avant de reprendre son air normal, nonchalant. « Pas grand-chose… J’voulais sortir, mais je peux pas. Enfin, je sais pas trop où aller. » Peut-être que ce serait le temps de lui faire part des trucs qu’elle me fait ressentir, ou simplement de lui montrer. « Alors reste avec moi… » Je m’approche d’elle et met mes mains autour de sa taille. Coincée entre mes bras, je sens la chaleur de son corps, et sa respiration, étant donné que mon torse est collé à son dos. Elle pose ses bras sur les miens, les faisant glisser lentement. J’respire ses cheveux, bordel ça sent bon. J’ai l’impression que ma chaleur corporelle se mêle à la sienne, et que d’un coup il fait foutrement chaud, parce que je manque d’air. Elle soupire longuement, elle doit sûrement être entrain de se demander pourquoi je fais ça. J’veux pas qu’elle pense que j’veux profiter d’elle ou quoi que ce soit. J’veux juste qu’elle soit bien, j’veux panser ses blessures et la faire sentir bien. C’en partie pour ça que je l’ai fait emménager ici. Je la retourne et l’accote sur le comptoir, m’approchant dangereusement d’elle. Pas de soucis à se faire pour la petite princesse, la nounou est avec elle et normalement, elle dort. Je la coince entre le comptoir et mon corps, frôlant ses lèvres avec les miennes, et finissant enfin par me laisser aller, je m’empare de ses lèvres brusquement mais avec retenue. Mes mains entourent sa taille de nouveau et ses bras s’emmêlent pour former une chaîne autour de mon cou. Sans vraiment comprendre en combien de temps ni comment on est en arrivés là, on se retrouve dans sa chambre – qui fait partie d’une autre partie de la maison, soit dit en passant – et nos vêtements jonchent le sol comme de la décoration. Nos souffles se mélangent et une certaine harmonie s’installe... Nos corps se complètent, nos bouches se perdent, nos murmures s’égarent…

Ne dit-on pas que le meilleur moyen de résister à la tentation c’est d’y céder ?